Pour Myriam Puaut, chargée de mission à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), « l’amélioration des produits ne se fait que par petits bouts ». On comprend mieux pourquoi il est si difficile de trouver des exemples d’objets visiblement écoconçus. Et pourquoi il est si difficile de croire que la première norme d’éco-conception européenne est apparue en France il y a déjà onze ans ! 

Hormis les bols en bambou naturel, les cahiers en papier recyclé et autres chaises 100% carton en série limitée, la plupart des produits verts n’ont rien de spectaculaire. Sauf quand la créativité s’en mêle. A l’image de Sveltus, PME de 18 personnes spécialisée dans les accessoires de fitness. Son fondateur, Robert Krupa, a décidé de remplacer les disques métalliques des haltères et les barres lestées par des matériaux 100% recyclables et remplis d’eau. Une façon maligne de s’adapter à l’air du temps, tout en répondant à la hausse des prix des matières premières comme l’acier. De quoi permettre aussi à l’ancien prof de gym d’ajouter à sa marque une gamme baptisée Eco’ Fitness. 

D’autres entreprises, gourmandes en énergie et en matières premières, doivent, en revanche, mobiliser des ressources de R&D considérables pour coller aux exigences du développement durable. C’est le cas des industriels de l’électroménager. « Les fabricants de réfrigérateurs ont toujours fait des efforts importants en matière d’environnement et de recyclage », souligne Bernard Planque, secrétaire général du Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager (Gifam). Une manière de désamorcer les contraintes réglementaires. 

« Un produit éco-conçu génère tout au long de son cycle de vie un impact global sur l’environnement le plus faible possible. L’analyse du cycle de vie (ACV) évalue cet impact à chaque étape et identifie les points d’amélioration possibles », indique-t-on chez Legrand. Pour le leader Mondial des installations électriques, l’éco-conception est une deuxième peau. Comme pour tant d’autres grandes entreprises (Philips, LG, Sony, Whirlpool…), cette démarche est une nécessité industrielle. « Pour en arriver là, les entreprises ont besoin d’avoir une vision globale du système écologique , avance Gérald Espardellier, directeur associé de Enora Consulting. Certaines d’entre elles ont bien compris l’importance d’anticiper sur la réglementation ». La plupart des PME déjà implantées ont plus de mal à prendre le virage. En revanche, comme le constate Myriam Puaut, « celles qui se lancent intègrent la composante durable et se positionnent d’emblée sur un marché écologique ».